Syndrome de la page blanche : transforme ta peur en inspiration

Pendant beauuucoup trop longtemps, j’ai été convaincue qu’une «vraie » rédactrice devait être constamment inspirée. Que chaque fois qu’elle s’assoyait devant son écran d’ordi ou sa feuille de papier, elle entrait dans une sorte de transe, portée par quelque chose de plus grand – son talent. Que les mots jaillissaient naturellement et que ses textes étaient parfaits du premier coup.

C’est donc ce que j’exigeais de moi. Et parce que ça ne fonctionnait pas – ou rarement -, je me sentais impostrice, nulle, démunie… Puis, rongée par la peur de ne pas être à la hauteur, je n’arrivais plus à écrire. L’angoisse me paralysait.

Ce que je ne réalisais pas à ce moment-là, c’est que j’alimentais un fantasme universel et vieux comme le monde : inspiration = éclairs de génie spontanés. (J’avoue. J’ai fort probablement été influencée par les poètes qui ont marqué mon adolescence. Ah! Ces chers Baudelaire, Rimbaud, Nelligan…)

 

Mais la réalité est bien différente.

Contrairement à ce tu crois peut-être, toi aussi, la page blanche n’est pas synonyme de manque d’idées. C’est plutôt une paralysie qui s’installe devant la pression de devoir produire un texte exceptionnel et impeccable du premier coup.

Heureusement, il est possible de se sortir de ce cercle vicieux. Parce que le vrai processus de création est parfois long et fastidieux. Il est fait d’illuminations, mais surtout d’essais, d’erreurs et de persévérance.

 

J’ai cessé d’avoir peur de la page blanche le jour où j’ai compris qu’elle n’était pas mon ennemie, mais une alliée. Qu’elle est remplie de possibilités où tout est à inventer, à rêver.

 

 

Qu’est-ce que le syndrome de la page blanche

 

Oui, le syndrome de la page blanche est parfois lié à un manque d’inspiration. Mais ce manque d’inspiration cache en général un problème plus profond.  En fait, la page blanche agit très souvent comme un miroir. Son vide reflète nos peurs les plus intenses. On y voit sans filtre notre vulnérabilité, notre crainte d’être jugés, de ne pas être «à la hauteur» de nos attentes et de celles des autres.

C’est normal! Étant donné qu’elle prend forme grâce à nos idées et aux mots qui vivent à l’intérieur de nous, elle est profondément intime.

Le syndrome de la page blanche c’est donc le combat entre notre peur qui tente de retenir notre voix et notre créativité qui, elle, veut la faire entendre.

La bonne nouvelle (restons positifs!), c’est que toi et moi ne sommes pas les seuls aux prises avec ce trouble. Même les plus grands auteurs y sont régulièrement confrontés.

Heureusement pour eux, et pour nous, il existe tout plein de façons de le surpasser.

 

Apprivoiser la page blanche

 

Oui, la page blanche est intimidante. Encore plus quand on la fixe minute après minute, l’esprit complètement… vide. (Dans ces moments-là, je dis en riant que je ressemble à un poisson rouge qui observe la vitre de son aquarium.) Mais il est possible de travailler AVEC elle plutôt que de la combattre. De laisser le vide s’exprimer lui aussi.

Eh oui! En acceptant que le syndrome de la page blanche fait partie intégrante du processus d’écriture, tu peux transformer ton angoisse en un espace de liberté et de créativité.

La première étape pour y arriver, c’est de changer tes pensées, ton attitude face à elle.

 

Revois tes croyances sur la créativité

Pour surmonter le syndrome de la page blanche, tu dois d’abord brasser la cage de tes vieilles croyances. Non, la création n’est pas un don mystique ou un moment de transe divine. C’est un processus fait d’essais et d’erreurs, de doutes et de remises en question.

En fait, j’aime nous voir, les professionnels de l’écriture, comme des artisans ou des bâtisseurs qui construisent patiemment leur œuvre, pierre après pierre.

 

Accueille la page blanche avec bienveillance

Une fois que l’on a compris que la page blanche fait partie intégrante du processus créatif, il est important d’apprendre à l’accueillir. Alors au lieu de la considérer comme un obstacle, essaie de la voir comme une toile où tout est à inventer. C’est excitant non?!?

 

Donne-toi du temps et de l’espace

Je sais, certaines personnes performent mieux sous pression. Mais le contraire est plus fréquent : pour écrire un bon texte, besoin de temps on a besoin de temps et d’espace. Alors quand c’est possible, évite les délais trop serrés ou les objectifs irréalistes. Ils ne feront qu’amplifier ton angoisse et ta peur de l’échec.

Apprends également à mettre des limites et à te protéger des distractions extérieures. Installe-toi dans un endroit propice à la concentration, ferme les notifications de ton téléphone et demande à ton entourage de ne pas te déranger. L’inspiration viendra beaucoup plus facilement.

 

 

Travaille main dans la main avec la page blanche

 

Changer tes croyances face à la page blanche est une étape super importante pour te libérer de tes angoisses. Mais… ça ne fera pas nécessairement naître la sacro-sainte inspiration.

Bonne nouvelle! Il existe des trucs simples et efficaces pour t’aider à «aimer» le vide plutôt qu’à le craindre. Voici ceux que j’utilise moi-même au quotidien et qui me permettent d’ouvrir grand la porte de ma créativité :

 

Écris… n’importe quoi.  Sans te juger

Laisse-toi aller et écris touuuut ce qui te passe par la tête. Ne te censure pas. Ton cerveau est un muscle. Comme tes cuisses ou tes biceps, il a besoin de réchauffement pour bien performer. Ce «n’importe quoi» pourrait même te surprendre et te porter vers ton idée de génie.

 

Écris pour le plaisir

Imagine que tu écris uniquement pour toi. Pour le fun. Oublie la pression de rédiger pour un lectorat X ou pour ton client Y. Tu verras, ça peut déclencher un lâcher-prise et stimuler l’inspiration.

 

Rédige les parties les plus faciles en premier

Ne te force pas à écrire de manière linéaire. C’est toi qui établis les règles.  Commence par rédiger les sections de ton texte qui t’inspirent le plus, et complète les parties plus difficiles quand tu seras dans le bon état d’esprit. En création, il n’y a pas d’ordre. Le chaos peut aussi être ton allié.

 

Rédige une phrase ou un morceau de texte à la fois

Si rédiger par section est encore trop difficile, tu peux tout simplement jeter des phrases ou bouts de textes pêle-mêle sur papier – ou écran. Sans t’en rendre compte, tu auras écrit une bonne partie de ton texte. Il ne te restera qu’à tisser un lien logique entre eux.

 

Prends des pauses, bouge!

Ton cerveau a besoin de respirer, de s’énergiser pour laisser place à de nouvelles idées. Quand tu es bloqué, prends une pause, marche, fais du ménage. Le mouvement physique aide ton esprit à se libérer et à renouveler le flux créatif. (C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nos idées de génie nous viennent souvent à des moments inopportuns : en pleine nuit, dans la douce, pendant un jogging…)

 

Accumule les idées

Tu as une idée? Note-la. Même si elle semble insignifiante. Tu ne sais jamais quand et comment elle pourra te servir. De cette façon, tu te constitueras une grande banque d’idées dans laquelle puiser les jours où l’inspiration manquera.

 

Trouve l’inspiration partout

TOUT est source d’inspiration. Les livres, les films, la nature, les interactions avec tes enfants, ton voisin, l’araignée dans sa toile… Sois à l’écoute de ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur de toi, observe, observe et observe.

 

Ne dépasse pas tes limites

Autant que possible, arrête d’écrire avant d’être arrivé au bout de ton inspiration. Évite que ton cerveau associe création et souffrance. En cessant ton activité alors que tu es dans de bonnes dispositions. Tu donnes envie à ton cerveau de revivre l’expérience.

 

Stimule tes sens

En impliquant un ou plusieurs de tes sens dans le processus créatif, tu te libères du carcan de la pensée rationnelle et stimule ton imagination.

 

  • Écoute de la musique apaisante ou stimulante
  • Touche des textures douces ou agréables
  • Savoure une boisson réconfortante comme un thé ou un chocolat chaud
  • Respire des huiles essentielles aux vertus calmantes ou énergisantes
  • Contemple une image inspirante ou un objet qui t’est cher

 

Encore plus de trucs

 Voici des techniques qui, quoique peu efficaces pour moi, le sont pour beaucoup d’autres :

  • Fais des plans détaillés, des canevas de textes
  • – Travaille avec un partenaire d’écriture.
  • – Utilise le mindmapping ou l’écriture automatique.

 

Bref, tu l’auras compris, le syndrome de la page blanche est loin d’être un simple blocage. L’idée qu’un vrai «auteur» est porté par une inspiration plus grande que lui est probablement une des «fake news» les plus tenaces : elle a traversé les siècles.

Alors plutôt que de la laisser te ralentir ou de te taper sur la tête parce que tu as l’impression de ne pas être à la hauteur, aime-la. Accueille-la.

Et, si ça peut t’encourager, mes plus beaux textes ont souvent émergé de ces moments de vide apparent.